A une centaine de kilomètre au nord d'Aurangabad, dans l'État du Maharashtra, au c?ur de la chaîne des monts Indhyadri, se trouve le site imposant d'Ajanta. Creusés dans la roche vive d'une falaise abrupte qui domine l'un des méandres de la Waghora, trente sanctuaires rupestres se déploient sur près de six cents mètres en un ample arc de cercle surplombant la rivière.
C'est en ce lieu de retraite idéal, havre propice à la méditation et au recueillement, que des religieux bouddhistes, dès le IIe siècle avant notre ère et jusqu'au début du VIIe siècle, choisirent de se retirer et de bâtir dans le roc ce spectaculaire ensemble monastique. Imposantes par leurs qualités architecturales, remarquables par les hauts-reliefs et les sculptures qui les ornent, par la richesse et la variété des chapiteaux et des fûts foisonnants de leurs colonnes ouvragées, les grottes d'Ajanta sont universellement admirées pour la beauté des peintures qu'elles recèlent. Ornant les murs, les colonnes, les encadrements de porte, les plafonds, ces peintures illustrent, de manière détaillée et précise, une trentaine d'Avadana ou Jataka extraits du vaste ensemble de contes, de poèmes et de ballades, récits sanctifiés et édifiants attribués au Buddha, qui les aurait narrés de son vivant à ses disciples, et qui retrace les diverses incarnations du Bienheureux.
Pour religieuses qu'elles soient, les peintures d'Ajanta - les plus tardives et les plus célèbres - traduisent l'extrême raffinement de l'époque qui les vit naître, une époque d'apogée artistique et culturel sans précédent dans l'Inde septentrionale, alors de sa puissance politique et économique et son expansion territoriale : la dynastie gupta