Tel : +33(0) 662 101 284
Sélectionner une page

Jacques Pajak (1930-1965) Un Milliard De Projets

Jacques Pajak (1930-1965) Un Milliard De Projets

38,00

38635. Livre en excellent etat avec sa jaquette d’origine ; envoi rapide et soigné

Même si certains esthètes affirment que les éléments biographiques ne permettent pas d’expliquer l’œuvre d’un peintre ou d’un écrivain, un résumé de la vie de Jacques Pajak éclaire (d’un soleil souvent noir) les tableaux exposés à la Galerie L’Estrée. Son père Jean Pajak, attiré par les bons salaires offerts par les houillères, a quitté sa Pologne natale pour s’établir dans le Pas-de-Calais puis en Alsace. Il est lui aussi peintre. Né Français en 1930, son fils, le jeune Jacques, vit les tribulations politiques de l’Alsace. Pendant l’annexion par l’Allemagne nazie, rebaptisé Jakob, il doit adhérer aux Hitler-Jugend, avant de redevenir Français en 1945. Plus tard, sa génération tout entière sera marquée par la guerre d’Algérie. Dès l’après-guerre, il se lance avec passion dans l’art.

C’est un homme angoissé sur le plan existentiel, une âme tourmentée par les réussites et les échecs de son œuvre. En 1955, il épouse Katia, le grand amour de sa vie, dont il aura trois enfants. Mais le couple crève un peu la faim. René Berger, illustre ancien directeur du Musée des Beaux-Arts de Lausanne, les fait venir en Suisse. Jacques Pajak se lie avec des grands noms de la modernité culturelle en Suisse romande, comme Edmond Gilliard, Charles-Albert Cingria et Freddy Buache. Il est d’ailleurs présent lors d’un événement resté célèbre, le premier Salon international des Galeries Pilotes, à Lausanne en 1963. Il est aussi cinéaste et écrivain. Il adresse des lettres magnifiques à Katia, comparables aux poèmes de Louis Aragon pour Elsa Triolet. Tout va vite, trop vite, dans son œuvre comme dans sa vie. Alors qu’il roule à grande vitesse de Paris à Strasbourg, dans sa Citroën DS 19, dont il apprécie les lignes futuristes, il est tué sur le coup par un chauffard alcoolisé
le 27 juillet 1965. Il a trente-cinq ans et n’a connu qu’un relatif succès lors de sa vie trop brève.

Tout donc, dans l’existence et l’œuvre de Jacques Pajak, montre une sorte d’urgence, comme s’il avait eu la prémonition de sa fin précoce. Il écrit d’ailleurs dans ses passionnants carnets intimes « Vivre en concentré ou en plus intense c’est s’approcher plus rapidement de la mort ». Cela, on va le retrouver dans la riche exposition à L’Estrée. Ce sont des encres de Chine jetées sur le papier avec une sorte de violence. Ce sont des huiles sur toile représentant des visages kafkaïens (Pajak a d’ailleurs illustré le fameux récit de l’écrivain pragois La Métamorphose).

Ou encore des corps écorchés d’une sanglante couleur rouge, rappelant les tableaux de Chaïm Soutine, et inspirés par la torture pratiquée en Algérie. Voilà le côté expressionniste de l’œuvre de Jacques Pajak. Les tableaux ne portant jamais de titres, on s’arrêtera en particulier devant le No 25 du catalogue, une sorte de triptyque laïc représentant trois visages aux expressions torturées. Mais on trouve aussi dans sa très abondante (et donc parfois inégale) création des œuvres beaucoup plus « calmes » : ainsi ses collages néo-dadaïstes aux motifs très structurés, tant dans leurs formes que dans le jeu des couleurs. On verra aussi plusieurs huiles se rattachant à l’Abstraction lyrique, un mouvement non figuratif auquel appartiennent par exemple Pollock ou Georges Matthieu, et qui vise à traduire directement des émotions sur la toile. Ainsi de très beaux « paysages », où l’on peut imaginer des visions de ciels, de mers ou de campagnes vertes, et qui révèlent une grande paix intérieure, réelle par moments chez cet être que certains ont qualifié « d’écorché vif ». L’œuvre de Jacques Pajak est donc inventive, toujours en recherche, multiforme. Il vaut la peine de la (re) découvrir !

Le fils aîné de Jacques, Frédéric Pajak, est sans doute plus connu aujourd’hui que son père, notamment par les jeunes générations. Dessinateur et écrivain de romans-BD en noir-blanc, aux images souvent hyperréalistes et sombres, éditeur, il a aussi sa place dans cette exposition, avec une cinquantaine d’œuvres de petit format. Si la transmission génétique n’existe probablement pas en art, L’Estrée présente un double parcours, à la fois très différent mais qui présente quelques points communs. En témoigne le dernier opus de Frédéric Pajak, Nietzsche au piano, publiées par les bien nommées Editions Noir sur Blanc.

Informations complémentaires

Poids1 kg