Pajak Un Météore (1930-1965)
Pajak - Un météore (1930-1965). Strasbourg, Lausanne, Association des Amis de Jacques Pajak, Fondation Jacques Pajak s.d. (1985). Petit in4 agrafé, couverture illustrée, 36pp. (non chiffrées), 52 reproductions en noir et en couleurs. Bel ouvrage publié à l'occasion du 20e anniversaire du décès du peintre d'origine polonaise Jacques Pajak. Peu commun. Bel exemplaire.
En français
La révolution industrielle a entraîné la production massive, répétitive et techniquement parfaite de tous les objets de consommation courante, jadis fabriqués un à un par des artisans. De la photographie à la télévision et à la télématique, en passant par le cinéma et l'illustration imprimée, l'image n'a pas échappé non plus à la machine et à
'industrialisation du spectacle. Or, par un étrange paradoxe, l'art moderne et contemporain a relevé le défi du progrès général des sciences et des techniques en régressant de façon également continue. La peinture léchée et impersonnelle de l'académisme a fait place à la peinture de plus en plus «relâchée» de 'impressionnisme, du fauvisme et de
'expressionnisme, le dessin fouillé, à l'étude et au croquis, conçus comme ayant leur fin en soi. Le XIXe et le XXe siècles ont ainsi promu, avec toujours plus de force, de violence et d'opiniâtreté, la facture manuelle, la touche, le geste, en valorisant tout ce que le geste, la touche et la facture manuelle comportent d'improvisation, d'approximation, voire de hasard. A croire que les artistes les plus inventifs n'ont eu de cesse qu'ils n'aient revendiqué l'exclusivité de leur signature, l'originalité de leur trait, la spécificité de leur empreinte, preuve visible, preuve tangible, preuve irréfutable et irrévocable du geste créateur, mais aussi des circonstances et de l'instant de son accomplissement.
Peu d'artistes ont autant dessiné, peint à la gouache ou à l'aquarelle que Pajak. Son travail procédait d'un double dialogue, d'une part entre l'œuvre sur papier et l'œuvre sur toile, d'autre part entre le dessin, la peinture, et ces autres activités «critiques» que représentaient pour lui l'architecture, le design industriel, le cinéma, et l'écriture. Tout se passe comme si Pajak cherchait à concilier l'instant et la durée, le premier jet et Pélaboration concertée, mais aussi ces deux activités que l'Orient n'a jamais distinguées, alors que l'Occident les aliénait l'une à l'autre: la littérature et la peinture. Combien de notes hâtivement griffonnées sur des papiers de fortune, combien de réflexions et de propos à l'emporte-pièce, mais combien aussi de «situations» - élément de paysage, fragment d'objet, réminiscence en forme de schème, structure concise comme un «arché-type» - «sténographiées» avec une fébrilité égale !
La rapidité d'exécution devait être garante de lacuité du regard et de l'intensité avec laquelle le «prédateur» se lançait sur le motif qui l'intriguait. Mais là encore prévalait un étrange dialogue entre la «donnée immédiate de la conscience», préalablement formulée, que la main s'efforçait de transcrire avant qu'elle ne s'efface au profit d'une autre, plus prégnante, et la facture même, qui anticipait souvent la formule à venir, comme à l'insu de l'artiste, devenu «medium», On aurait dit alors que la main de l'artiste sollicitait du papier qu'il révèle le réseau improbable inscrit en lui, tel un filigrane.
Plus encore que l'huile, dont il se plaignait parfois qu'elle lui imposât sa volonté à elle, les gouaches, les aquarelles et les dessins manifestent le sens profond de l'œuvre: leur «précarité» permettait à Pajak de jouer, plus souvent qu'à son tour, son va-tout.
Informations complémentaires
| Poids | 0,25 kg |
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